Le village en terre crue de Villefontaine, construit en 1985, tient ses promesses (38)

Villefontaine, à 50 km à l'est de Lyon, a vu sa population fortement augmenter quand la commune s'est inscrite dans le périmètre de la ville nouvelle de L'Isle-d'Abeau. De 452 habitants en 1968, elle atteint 16.000 en 1990. Pour loger les nouveaux arrivants, les architectes tentent des expériences.
Tradition du Dauphiné
Les constructions en pisé, c'est-à-dire en terre crue, sont une très ancienne tradition dans le Dauphiné. Dans cette région, jusque dans les années 1950, 80 % des constructions étaient réalisées de cette façon.
Adapter ce matériau ancestral aux constructions modernes
Aussi, rien d'étonnant à ce que l'école d'architecture de Grenoble ait créé en 1979 un laboratoire de recherche, baptisé CRAterre. Son objectif était de promouvoir les constructions en terre et d'adapter ce matériau ancestral aux exigences des constructions modernes. Pour ce faire, il fallait pouvoir expérimenter différentes techniques.
65 logements HLM en terre crue
Le laboratoire proposa donc la construction à Villefontaine de 65 logements HLM en terre, répartis en douze îlots de 5 à 10 logements, qui seront réalisés par l’office public d'aménagement et de construction (Opac) de l’Isère, et l’établissement public d’aménagement de la ville nouvelle (Epida).
Chantier expérimental
La construction d'un tel ensemble de logements, en 1985, permit de réaliser des maisons en pisé, sur 40 % du parc, en expérimentant différentes techniques de coffrage. Autrefois, les coffrages étaient en bois, les maçons y coulaient un mélange de terre, de gravillons et d'argile, puis ils le compressaient manuellement. Aujourd'hui, les coffrages sont en métal et la compression mécanique, mais les murs sont toujours construits par la superposition de différentes couches.
Briques de terre, paille, bardage bois
Une autre technique, celle des blocs comprimés, permet de réaliser des briques de terre crue. Elle fut utilisée sur 45 % du parc, les 10 % restants étant consacrés aux constructions en terre et paille. Il s'agit là de maisons à ossature bois, dont les parois sont remplies d'un mélange de paille et de terre. Les six logements en terre et paille du village terre ont une protection en bardage bois.
Maisons dans lesquelles il fait bon vivre
Comme le confirme, en 2018, le maire de Villefontaine, Patrick Nicole-Willams, les constructions en terre sont plébiscitées par leurs habitants : "Il y a très peu de turn-over, ces logements bioclimatiques offrent un grand confort et sont particulièrement économes en termes de chauffage." Une campagne de mesure réalisée en 1997 a en effet montré que ces logements consommaient 10 % à 40 % moins d'énergie pour le chauffage que des bâtiments comparables de la commune.
Toitures débordantes pour protéger de la pluie
Bien sûr il faut tenir compte des propriétés du matériau, les murs en terre crue doivent être parfaitement bien couverts pour que l'eau de pluie ne puisse pas s'infiltrer à l'intérieur. C'est la raison pour laquelle les maisons dauphinoises ont traditionnellement des toitures débordantes. Autre précaution indispensable, il ne faut jamais mélanger les matériaux : les brèches ou les fissures dans les murs en terre ne peuvent être colmatées qu'avec de la terre. Les artisans du Dauphiné connaissent ces contraintes et savent intervenir judicieusement.
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