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La filire laine tisse sa toile Aubusson (23)

La laine comme filière d’avenir ! C’est le pari gagnant réalisé par la ville d’Aubusson, la communauté de communes Creuse Grand Sud et les acteurs économiques de ce territoire rural, porté par des savoir-faire ancestraux. En 2022, la Creuse comptait ainsi 42 entreprises dans ce secteur. À l’exception du lavage, la filière est complète, notamment grâce à 300 éleveurs et 50 000 brebis !

« L’indication géographique Tapis et tapisserie d’Aubusson, mise en place en 2018, est essentielle pour la structuration de la filière, note Céline Collet-Dufays, vice-présidente de la comcom et adjointe au maire d’Aubusson. Mais il y a eu plusieurs étages à la fusée. » Il faut remonter en 2009 pour voir une étape déterminante de cette aventure, avec la création de Lainamac, une association consacrée au développement de la filière laine, réunissant professionnels, promoteurs du territoire, puis collectivités.

« Au départ, il y avait Les journées nationales de la laine, portées par une autre association, se souvient Géraldine Cauchy, directrice de Lainamac. Il existait un potentiel autour de la laine. Il se trouvait déjà à Aubusson un secteur important autour du tapis et de la tapisserie : dans le Sud creusois, on comptait un réseau d’une trentaine d’entreprises textiles liées à ce secteur. De plus, le territoire abrite deux filatures. C’est assez exceptionnel, sachant qu’il en existe moins d’une dizaine au niveau national », souligne Géraldine Cauchy. Restait à structurer tout cela.

À l’époque, l’arrivée de Lainamac laisse certains élus dubitatifs. « Les collectivités étaient déjà engagées dans la Cité internationale de la tapisserie, poursuit Géraldine Cauchy. En voyant une deuxième association, ils pouvaient se demander à quoi cela servirait. » Mais très vite, la complémentarité se vérifie.

Les premiers appuis des collectivités

« Les financeurs ne savaient pas comment nous classifier, commente la directrice. Agriculture ? Formation ? Économie ? Puis la région a eu son service Filière. Avec un interlocuteur dédié, notre projet a été mieux compris. » De plus, grâce à l’appui de la maire de Felletin qui repère alors l’intérêt d’une telle démarche, Lainamac obtient une salle au sein du Lycée des métiers du bâtiment pour son centre de formation. Le volet « formation professionnelle » se développe alors, soit 1 500 heures de formation par an inscrites dans le Plan de régional de formation de Nouvelle-Aquitaine. S’ajoute à cela l’installation des bureaux de l’association à partir de 2016, à Felletin, loués à très bas prix. L’association ne reçoit aucune subvention directe de la part de cette collectivité, mais un soutien politique.

Les élus assistent également Lainamac dans le meilleur fléchage de ses demandes de subvention, notamment auprès de la région Nouvelle-Aquitaine, financeur historique de l’association.

S’ensuit le projet d’indication géographique. Soutenu par la sous-préfète, il requiert qu’une association porte la candidature, en l’occurrence, ce sera Lainamac. Propriétaire du nom, la collectivité d’Aubusson s’engage, elle aussi,, d’autant qu’elle complète régulièrement la collection municipale par des tapisseries d’œuvres originales réalisées par l’atelier de la ville.

Une stratégie globale sur la cible art textile - art tissé

Pour favoriser la dynamique, un pôle « art textile - art tissé » est ensuite créé par les acteurs du territoire et incarné par la réhabilitation d’un immeuble au cœur d’Aubusson dénommé Villa Chateaufavier. « Les élus et acteurs économiques cherchaient un lieu emblématique pour installer la pépinière d’entreprises généraliste et pour héberger des activités autour de la laine et de la tapisserie, souligne Céline Collet-Dufays. La chambre de commerce de la Creuse a acquis la Villa Chateaufavier. L’appellation IG Aubusson a sans aucun doute été un élément décisif. »

« Dans ce bâtiment, réhabilité par la Chambre de commerce, Lainamac et la Cité internationale de la tapisserie ont des ateliers partagés, un équipement semi-industriel pour aider des artisans à produire en petites séries », ajoute Géraldine Cauchy. Grâce à ce partenariat public-privé entre quatre acteurs (CCI, Lainamac, Cité de la tapisserie et CC Grand Sud Creuse), une stratégie de marketing territorial est alors instaurée, notamment via un Aubusson textile tour réunissant 20 personnes sur deux jours. Désormais les projets affluent : candidature pour devenir Manufacture de proximité, une vitrine baptisée Oh my laine (sur le web et dans les salons internationaux) Reste maintenant à faire face à l’afflux de nouveaux arrivants ! « Les programmes territoriaux, dont Petite ville de demain, seront fort utiles, ajoute Céline Collet-Dufays, notamment pour travailler la question du logement, afin d’accueillir les professionnels et leurs familles qui souhaitent s’installer sur le territoire. »

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Martina Birk

Update: 2024-08-26